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Gouverner les risques dans les Etats fragiles

Risk Management in Fragile States

Responsables scientifiques
Clément Pin (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité) pin.clement@orange.fr
Thomas Ribémont (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité / CEPEL Université de
Montpellier 1 / ICEE Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle) thomasribemont@hotmail.com

L’étude des risques est devenue un axe central de l’analyse de l’action publique s’appliquant tour à tour aux risques sanitaires (Buton, Pierru, 2012), environnementaux (Becerra, Peltier, 2009), industriels et technologiques ou encore sociaux. Qu’il s’agisse de tremblements de terre, de tsunamis, d’accidents nucléaires ou de crises sanitaires, la définition de tels événements comme risques permet de les saisir comme des objets de politiques publiques se déployant à différentes échelles d’action publique et déclenchant des politiques hautement différenciées caractérisées par la diversité des contextes institutionnels (Boudia, Demortain, 2014).

En outre, la construction des risques apparaît étroitement liée à des jeux d’acteurs multiples et variés et à la nature et l’intensité de leurs interactions (Gilbert, 2003). Ainsi, comme le souligne Gilles Chantraine et Jean-François Cauchie, « les modalités de construction sociale des risques dépendent de la diversité des outils mobilisés, des intérêts de chaque catégorie d’acteur à catégoriser un phénomène comme constituant un risque, et de la configuration des réseaux qui constitueront les lieux de la fabrique des risques » (Chantraine, Cauchie, 2006). La gestion des risques se prête donc à une approche en termes de gouvernance, concept qui, comme l’a mis en évidence Jean Leca, renvoie à l’« interaction d’une pluralité d’acteurs “gouvernants“ qui ne sont pas tous étatiques ni même publics ».

Ces questions, pour avoir été largement abordées dans le cadre de sociétés industrialisées dont les structures étatiques se révèlent relativement stables dans le temps (Beck, 1999) semblent en revanche avoir été moins traitées concernant les Etats dits « fragiles ». À la différence du concept d’État faible (ou failli) qui désigne l’absence générale de structures étatiques, celui d’État fragile renvoie à des considérations plus concrètes et opérationnelles telles que les questions de performance rapportées à un secteur spécifique (Verlin, 2014). On propose ainsi de définir les États fragiles avec James D. Fearon comme des Etats dotés d’institutions faibles ou dysfonctionnelles ou caractérisés par une mauvaise gouvernance. Le terme peut également être utilisé, selon l’auteur, pour désigner « la possibilité ou l’actualité d’une violence politique » (Fearon, 2011).

Les travaux présentés dans cette section thématique auront vocation à comprendre comment, dans ce type d’État, se structurent les politiques de gestion des risques en comparant notamment les perceptions des risques à différentes échelles d’action (Borraz, 2008). Cette Section Thématique reposera sur deux séries de questionnements :

– Un premier axe de réflexion étudiera les configurations de la gouvernance des risques dans les États fragiles. Qui gouverne les risques ? Quels acteurs des politiques de risque peut-on identifier aux différentes échelles d’action publique et en fonction des temporalités considérées (préparation aux désastres, gestion de crise, reconstruction, réhabilitation) ? Comment ces acteurs se coordonnent-ils lors de certaines épreuves liées à la gestion de risques (Callon, Lascoumes, Barthe, 2001) ?
– Un second axe s’intéressera à la question des savoirs et des instruments mis en œuvre en matière de gestion des risques. Quels sont les instruments, les savoirs et pratiques de la gouvernance des risques (Lascoumes, Le Galès, 2005 ; Cabane et Revet, 2015) dans les Etats fragiles ? Comment ces savoirs et pratiques circulent-ils entre les acteurs ? Comment les instruments d’action publique participent-ils à la définition des relations entre les acteurs dans les Etats fragiles ?

Risk studies have become a central pillar in the analysis of public policies, as applied to sanitary hazards (Buton, Pierru, 2012), environmental hazards (Becerra, Peltier, 2009), social, or yet again technological and industrial hazards. Whether earthquakes, tsunamis, nuclear accidents or sanitary crises, their characterization as a risk allows framing them as public policy objects, deployed at various stages of public action, triggering highly differentiated policies characterized by the diversity of institutional contexts (Boudia, Demortain, 2014).

Further, the construction of risks appears to be closely related to games involving multiple and varied stakeholders, and to the nature and intensity of their interactions (Gilbert, 2003). Thus, as Gilles Chantraine and Jean-François Cauchie emphasize, “the modalities of the social construction of risks depend upon the array of mobilized tools, the interests each category of stakeholder has in specifying a phenomenon as a risk, and upon the configuration of networks where the fabrication of risks are located” (Chantraine, Cauchie, 2006). Risk management therefore lends itself to an analysis through the prism of governance, a concept that, as evidenced by Jean Leca, refers to the “interaction of a plurality of “governing” stakeholders that may not be all of a statal or even of a public nature”.

Such issues have largely been tackled within the framework of industrialized societies whose state structures have remained generally stable over time (Beck, 1999). It appears, however, that they have been less addressed within the framework of States characterized as “fragiles”. In contrast to the concept of weak (or failed) State that refers to the general lack of state structures, that of “Fragile State” refers to more concrete and operational considerations, such as matters of performance within a specific sector (Verlin, 2014). Following James D. Fearon, we will define fragile States as States endowed with weak or dysfunctional institutions, or characterized by bad governance. According to the author, the term may also be used to designate the “possibility or actuality of political violence”. (Fearin, 2011).

Material presented in this thematic section will aim to understand how risk management policies are structured in this type of State, notably through comparing how risk is perceived at different levels of action (Borraz, 2008). Two lines of questioning will structure this Thematic Section:

– A first line of questioning will examine the ways in which risk management may present itself in fragile States. Who manages risks? Which stakeholders involved with risk management policies may we associate with the different layers of public action, in relation with relevant timelines (disaster preparedness, crisis management, reconstruction, rehabilitation)? How do such stakeholders coordinate during arduous steps associated with risk management (Callon, Lascoumes, Barthe, 2001)?
– A second line of questioning will focus on which body of knowledge and instruments risk management mobilize. What are the instruments, the body of knowledge and practice of risk management in fragile States (Lascoumes, Le Galès, 2005 ; Cabane et Revet, 2015) ? How do knowledge and practice flow among stakeholders? How do these tools contribute to shaping and defining interactions among stakeholders in fragile States?

REFERENCES

S. Becerra et A. Peltier (dir) (2009), Risque et environnement : recherches interdisciplinaires sur la vulnérabilité des sociétés, Paris, L’Harmattan.
U. Beck (2001), La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, (1re éd. 1986), Paris, Aubier.
O.Borraz (2008), Les politiques du risque, Paris, Presses de Sciences Po, « Académique ».
S. Boudia et D. Demortain (2014), « La production d’un instrument générique de gouvernement. Le « livre rouge » de l’analyse des risques », Gouvernement et action publique, n° 3, p. 33-53.
F. Buton et F. Pierru (2012), « Instituer la police des risques sanitaires. Mise en circulation de l’épidémiologie de terrain et agencification de l’État sanitaire », Gouvernement et action publique, n° 4, p. 67-90.
L. Cabane et S. Revet (2015), « La cause des catastrophes », Politix, n° 111, p. 47-67.
M. Callon, P. Lascoumes, Y. Barthe (2001), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Le Seuil.
G. Chantraine et J.-F. Cauchie (2006), « Risque(s) et gouvernementalité », Socio-Logos, http ://socio-logos. revues.org/document13.html.
J. Dewey (2012), The Public and Its Problems: An Essay in Political Inquiry , Penn State University Press, Ed. Melvin L. Rogers.
J. D. Fearon (2011), « Fragilité des États, indicateurs de gouvernance et risque de guerre civile. State Fragility, Governance Indicators, and the Risk of Civil Conflict », Revue d’économie du développement, 4/2011, vol. 19, p. 153-186.
C. Gilbert (2003), « La fabrique des risques », Cahiers internationaux de sociologie, n° 114, p. 55-72.
P. Lascoumes, P. Le Galès (dir.) (2005), Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences Po.
J. Leca (1996), « La Gouvernance », in d’Arcy F. et Rouban L., De la Ve République à l’Europe, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, p. 329 et s.
O. Nay (2013), « Grand angle. La théorie des « Etats fragiles » : un nouveau développementalisme politique ? », Gouvernement et action publique, n° 1, p. 139-151.
Jan Verlin (2014), « Haïti : État failli, État à (re)construire », Cahiers des Amériques latines, 75, p. 25-40.

Président de séance : Daniel Mouchard (Professeur des Universités – ICEE Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)

Présentation scientifique de la ST par Clément Pin (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité) et Thomas Ribémont (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité / CEPEL Université de Montpellier 1 et à l’ICEE Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)

Jan Woerlein (ISP – Université Paris Ouest Nanterre / Institut des Amériques), Gouverner les aléas en Haïti – L’anticipation de l’inanticipable

Clément Pin (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité) et Thomas Ribémont (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité / chercheur associé au CEPEL Université de Montpellier 1 et à l’ICEE Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle), Le risque sismique : impensé de la gestion de l’eau en Haïti ?

Flore Guiffault (Groupe de sociologie pragmatique et réflexive – GSPR-EHESS), Que nous disent les données géospatiales sur la gouvernance des risques ?

Edouard Epiphane Yogo (Chercheur Associé au Centre de Recherche d’Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS) – Université de Yaoundé II-SOA), La politique de gestion du risque naturel dans un contexte de fragilité de l’Etat au Cameroun : une critique du système de protection civile à partir du terrain

Conclusion générale de la ST par Daniel Mouchard (Professeur des Universités – ICEE Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)

Jan Woerlein (ISP – Université Paris Ouest Nanterre / Institut des Amériques)

Gouverner les aléas en Haïti – L’anticipation de l’inanticipable
L’espace humanitaire en Haïti a connu d’importants changements entre 2005 et 2016. Alors que Haïti était déjà un environnement marqué par des crises (la saison des ouragans de 1998 et les conflits violents de 2004), le pays a connu un afflux massif d’acteurs humanitaires suite aux multiples crises post- (2010), notamment l’épidémie de choléra, l’ouragan Sandy et une crise électorale et gouvernementale majeure. La situation a évolué de façon erratique avec un lent désengagement de l’aide après 2013, suivie d’un timide retour des acteurs humanitaires après 2014 à la suite de nouveaux risques, comme une augmentation des cas de choléra, une sécheresse catastrophique et une deuxième crise électorale en 2016. Les vagues d’engagement et du désengagement humanitaires en Haïti sont particulièrement stimulantes à analyser pour mieux comprendre le fonctionnement des bureaucraties de gestion de risques. Les conditions changeantes sur le terrain permettent en effet à certains acteurs d’occuper des positions stratégiques et d’empêcher les autres de participer aux processus décisionnels. La présentation se focalisera sur la dynamique de l’aide humanitaire en Haïti entre 2005 et 2015 et analysera ses effets et conditions en mettant l’accent sur les négociations entre les agences des Nations Unies et les principales ONG humanitaires au sein des bureaucraties de gestion de risque. Le document est basé sur un travail de terrain effectué de 2011 à 2016 et sur plusieurs séries d´entretiens avec des agents humanitaires en Haïti au niveau international, transnational et local.

Risk government in Haiti –  anticipating the unanticipatable
The humanitarian space in Haiti underwent important changes between 2005 and 2016. While Haiti was already an environment marked by disasters (the 1998 hurricane season and the violent conflicts of 2004), it witnessed a massive influx of humanitarian actors following the multiples crises post-earthquake (2010), notably the Cholera epidemic, hurricane Sandy and a blockade of national political institutions in a year long stalemate between president and parliament. The situation evolved erratically with a slow disengagement of aid after 2013, followed by a timid return of humanitarian actors after 2014 in the wake of new risks, like an increase in cholera cases, a catastrophic drought and a major election crisis in 2016. The waves of humanitarian engagement and disengagement in Haiti are especially stimulating for the analysis of risk management bureaucracies. The shifting conditions indeed enable certain actors to occupy strategic positions and disable others to participate in decisions processes. This paper will thus present the dynamics of humanitarian aid in Haiti between 2005 and 2015 and analyze its effects and conditions by focusing on negotiations between UN agencies and major humanitarian NGOs within risk management bureaucracies. The paper is based on five years of extensive fieldwork and interviews with humanitarian agents in Haiti at the international, transnational and local level.

Clément Pin (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité) et Thomas Ribémont (CERAL Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité / chercheur associé au CEPEL Université de Montpellier 1 et à l’ICEE Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)

Le risque sismique : impensé de la gestion de l’eau en Haïti ?
La question de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est essentielle en cas de catastrophe humanitaire. Suite au tremblement de terre de 2010 à Haïti qui a ravagé Port-au-Prince et causé la mort de plus de 250 000 personnes, l’eau est devenue un enjeu prioritaire. Sept ans après, bien que cette problématique fasse l’objet d’une attention particulière de la part des autorités gouvernementales, des ONG ou encore des bailleurs de fonds, on constate que les programmes mis en œuvre en la matière tendent à ne pas prendre en considération le risque sismique. Tout semble se passer comme si le risque sismique était un impensé de la gestion de l’eau en Haïti. Ce constat éclaire, plus généralement, la question de la culture du risque en Haïti et les ambivalences des programmes nationaux et internationaux d’accès à l’eau potable et à l’assainissement.

The seismic risk: an overlooked element of the water management in Haiti
The issue of access to safe drinking water and sanitation is essential in the context of humanitarian catastrophe. Following the 2010 earthquake in Haiti that devastated Port-au-Prince and killed more than 250,000 people, water has become a priority. Seven years later, although this issue is receiving particular attention from government authorities, NGOs and donors, it is clear that the programs implemented in this area tend not to consider the seismic risk. Everything seems to happen as if the seismic risk was an overlooked element of the water management in Haiti. This finding makes it possible to analyze the question of risk culture in Haiti and the ambivalence of national and international programs for access to drinking water and sanitation.

Flore Guiffault (Groupe de sociologie pragmatique et réflexive – GSPR-EHESS)

Que nous disent les données géospatiales sur la gouvernance des risques ?
Cette communication porte sur les instruments de la gouvernance des risques. A travers l’analyse des contraintes qui pèsent sur les processus de construction et de diffusion des données géospatiales en Haïti, nous proposons une description du fonctionnement et des défis qui se posent aux acteurs de la gouvernance mixte des risques composée d’instances étatiques et d’acteurs de la communauté internationale.
Un premier axe de réflexion portera sur le lien entre données géospatiales et gestion des risques. Il s’agira de comprendre de quelle manière les données permettent de rendre gouvernables les risques, notamment en rendant visible/ invisibilisant des territoires et en agissant comme porte- parole des riverains.
Dans un deuxième axe, nous nous intéresserons aux contraintes politiques et économiques qui pèsent sur la production et la conservation des données. Si certaines contraintes sont spécifiques d’une part à l’Etat haïtien et d’autre part au fonctionnement des organisations internationales et non-gouvernementales, ces acteurs partagent aussi des contraintes liées à la “projectification” de l’Etat et de l’aide internationale.
Un troisième axe sera consacré aux défis liés au partage des données. Nous tâcherons de décrire et de comprendre l’évolution récente qui pousse les acteurs vers le partage de leurs données au prix d’une redéfinition de leur modèle économique et les effets sur les données d’une éventuelle mise en scène.
Notre analyse sera nourrie par un travail ethnographique de plusieurs mois réalisé entre 2013 et 2017 auprès des différentes parties prenantes en France et en Haïti.

What can geospatial data tell us about risk governance?
This communication is about the tools of risk governance. Through the analysis of the constraints that hang over the construction and diffusion’s processes of geospatial data in Haiti, we will describe the functioning and the challenges of the mixed governance of risks that is made up of state and international actors.
The first thematic will be on the link between geospatial data and risks management. It will be about the way data make risks governable, in particular when it is used to make visible/ invisible some territories and when used to “speak for” communities.
On a second hand, we will talk about political and economic constraints on data’s production and conservation. If some of the constraints are specific to the haitian State and some others to the international and non-governmental organizations, these actors also share constraints links to the “projectification” of the State and the international aid.
A third thematic will be dedicated to challenges linked to data sharing. We will focus on the recent evolution that leads actors toward data sharing at the costs of their business model and the consequences that a possible exposition can have on the quality of data.
Our analysis will be based on a several months ethnographic research that was conducted in France and in Haiti between 2013 and 2017.

Edouard Epiphane Yogo (Chercheur Associé au Centre de Recherche d’Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS) – Université de Yaoundé II-SOA)

La politique de gestion du risque naturel dans un contexte de fragilité de l’Etat au Cameroun : une critique du système de protection civile à partir du terrain
Août 1984, août 1986, mars 1999, août 2012 et 2015 des dates parmi tant d’autres, qui rappellent respectivement, aux camerounais, le triste souvenir des catastrophes naturelles du Lac Monoun au nord-ouest, l’éruption limnique du lac Nyos, l’éruption volcanique du Mont Cameroun et les inondations successives à l’extrême nord et au nord du pays. Non seulement ces dates mettent en exergue la fragilité de la gouvernance du risque naturel au Cameroun, mais aussi permettent-elles de rendre compte du poids et des contraintes des perceptions sociales locales du danger et ses entraves à son endiguement.
Entendu comme une menace due à un aléa naturel dont les effets s’étendent sur les biens, les personnes et leurs modes de vie, le risque naturel est, dans la conception générale, associé à la catastrophe naturelle. Ceci transparait fondamentalement dans la structuration de l’architecture de gestion des risques. Dans un contexte de fragilité au sens du présent appel, un risque naturel implique l’exposition des populations humaines et de leurs infrastructures à un évènement catastrophique d’origine naturelle. Donc la fragilité de l’Etat. Ainsi, la fragilité ou non d’un Etat s’apprécie en fonction du niveau d’ancrage du risque et des effets de sa permanence ou de son emprise dévastatrice sur l’organisation sociale globale. Le Cameroun n’échappe pas à cette logique, au contraire, il en est une parfaite illustration. En s’interrogeant sur la pertinence de la gestion du risque dans un contexte de fragilité de l’Etat du Cameroun, la présente communication entend, tout en s’intéressant à l’impact du local dans l’implémentation des stratégies d’endiguement des effets du risque, procéder à l’aide d’ingrédients des politiques publiques et d’une interprétation d’ordre constructiviste, à la présentation de l’architecture et du cycle de gouvernance du risque au Cameroun, à sa mise en œuvre et à son évaluation afin de dégager les enjeux de sa transformation, modernisation et adaptation aux systèmes de gestion moderne du risque. D’où la double structuration suivante :
– L’architecture de gouvernance du risque naturel au Cameroun
– L’implémentation et l’évaluation des politiques publiques du risque naturel au Cameroun comme enjeu et défi majeur

The policy of natural risk management in a context of state fragility in Cameroon: a critical analysis of the civil protection system from the field
August 1984, August 1986, August 2012 and 2015, so many dates which bring to the Cameroonian minds the sad memory of natural disasters from Lake Monoun in the north west, the eruption of gas of lake Nyos, the volcanic eruption of Mount Cameroon and the successive floods in the far north and in the north of the country. Not only those dates put forward the fragility of the natural risks governance system in Cameroon, but also, they permit to be aware of the weight and the constraints of social perceptions of danger and its obstacles to its containment.
Understood as a threat due to natural hazard with effects extending to goods, persons and their way of living, natural risk is, from the general perception, combined to a natural disaster. This appears fundamentally in the structuration of risk management architecture. Within a context of fragility in the sense of the present thematic section, a natural risk implies the exposure of human populations and their infrastructures to the catastrophic events of natural origins. This means, state’s fragility. Hence, the fragility of a state is appreciated with regards to the anchorage of risk and the effects of its permanence or its devastating influence on the global social organization. Cameroon does not escape from that logic, in contrary, it appears like a perfect example.
While questioning the pertinence of risks management in context of state’s fragility in Cameroon, the present communication, in examining the impact of the local in the implementation of strategies for the containment of risks effects will, with reference to the ingredient of public policies and recourse to constructivism, present the architecture of risk management in Cameroon, its implementation and discuss on its evaluation in a bid to determine the stakes of its transformation, modernization and adaptation to the modern risks management systems. This will lead to the following plan:
– The architecture of risks management in Cameroon
– The implementation and evaluation of public policies of natural risk in Cameroon as a stake and major challenge

Mercredi 12 juillet 2017 9h00-13h00

GUIFFAULT Flore guiffaultf@gmail.com
MOUCHARD Daniel daniel.mouchard@univ-paris3.fr
PIN Clément pin.clement@orange.fr
RIBEMONT Thomas thomasribemont@hotmail.com
WOERLIN Jan janworlein@gmail.com
YOGO Edouard Epiphane edouardyogo@yahoo.fr